vendredi 1 mai 2009

Premier Mai

Aujourd'hui, article a la fois d'actualité - et aussi a inclure dans la série "culture".

Aujourd'hui, j'ai travaillé. Rien d'anormal si ce n'est la date. Le premier Mai est ici aussi la Fête du Travail. C'est un jour férié pour toutes les administrations, a Delhi et ailleurs. C'est un jour férié pour la majorité des groupes industriels du Sud du pays (la ou plusieurs états sont diriges par des partis d'extrême gauche). Les commerces et les services tendent a travailler.
Les anglais (ou les Indiens parlant Anglais) ont plusieurs traduction du mot Français "travail".
La première est "labour". Ils traduisent précisément Fête du Travail par "Labour Day". Labour, c'est le travail quantifiable, avec une notion d'effort "physique", la "main d'oeuvre" serait une meilleure traduction peut-être. Aujourd'hui, l'effort donne droit au repos. Donc on comprend que mes collègues travaillant pour l'industrie IT ne tombent pas (du tout) dans cette catégorie - donc pas de vacances aujourd'hui - sic! Vous apprécierez l'extrapolation de l'argument pour les fonctionnaires aujourd'hui en vacances... J'ai eu un débat sur la question du droit au congé du premier Mai avec mes collègues ce matin (quand ils ont découvert qu'aucun Français ne leur répondrait aujourd'hui). Ils étaient partage entre l'idée que ce jour de repos supplémentaire, ils le mériteraient, et celle qu'elle doit être réservé a une tranche de travailleurs affecte a des taches plus pénibles. Nous n'avons pas pu conclure. Ce n'est pas la première fois que j'observe que les Indiens préfèrent débattre que conclure.
La seconde traduction de travail est "duty" - traduction qu'utilise mon chauffeur, ma nounou, le personnel administratif. "Je suis en train de travailler" se traduit par "I'm on duty". C'est une traduction qui me parait *très* Indienne dans le sens ou tout individu, au sein de son groupe social, fait ce qu'il doit faire. La notion de devoir est encrée, profondément, a tout niveau, y-compris pour justifier des pratiques et catégorisations sociales. On ne travaille pas - on fait son devoir, sa tache. Et c'est ainsi. Mais il n'empêche que les individus - de même que les groupes - aspirent bien évidement a une vie meilleure - donc moins pénible - donc avec moins de "duty". J'ai fait cette observations a plusieurs niveaux. Prenons l'administration par exemple. Les positions hiérarchiquement les plus élevées sont bien-sur les plus convoitées. Pour connaître des cadres fonctionnaires en France, je comprend qu'ils sont bien au delà des 40 heures de travail hebdomadaire, et qu'ils ne rechignent pas leurs efforts au service de l'état. Et que promotion signifie implicitement augmentation de la charge de travail. Ici, les promotions dans le système administratif sont de réelles récompenses - dans le sens ou on reconnaît, en plus de la nécessaire expérience (nombre d'années de service) un vrai mérite après efforts et résultats. Mais c'est aussi un aboutissement, qui donne droit a des privilèges - incluant pouvoir (autorité), avantages (en nature, services, confort) et reconnaissance (toujours via l'autorité). L'adage "plus on est promu et moins on doit travailler" est loin d'être choquant - presque normal - pour beaucoup ici. C'est le corollaire logique du devoir. Le devoir engendre naturellement des droits. Ces droits deviennent des acquis. Qui sont dus. Être exemplaire dans l'aboutissement de ses devoirs doit donner des droits . Sous forme religieuse bien sur (dharma, incarnations) mais aussi sous forme sociale (promotions). Dans la pratique, les choses sont peut-etre un peu différentes dans le prive (en tout cas dans les entreprises d'origines occidentales - ou sous influence). Mais l'adage n'y est tout de même pas nécessairement choquant, en tout cas beaucoup plus admis qu'en France. Impossible de généraliser, mais pour nombre de salaries, c'est une façon de penser naturelle: les années de devoirs deviennent un droit pour moins de devoirs. Il y a la un brin de culture que l'occidentalisation n'a pas encore tout a fait change mais l'ambition dans le contexte d'évolutions professionnelles probables et rapides pourrait changer la donne...
La troisième traduction de "travail" est "work". C'est celle qui correspond aux emplois qualifies en général.
La quatrième est "job". Elle peut avoir une connotation un peu moins professionnelle, se traduire en quelque sorte par "activité".
Le travail est donc un concept a multiples facettes - toutes n'ont pas été fêtées aujourd'hui. Et nulle part je n'ai trouve le brin de muguet...

1 commentaire:

champagnenCorreze a dit…

si j'ai compris ...
tu te lèves le matin avec 4 travaux en perspective :
work, quand tu vas dans ton entreprise,
job, quand tu as ton appareil photo autour du cou
duty, quand tu vas faire les courses
labour, quand tu tiens ton tournevis.

Quelle vie bien remplie ;=)